31 mai

Journée mondiale sans tabac

« Tu fumes ? » 🚬

Cette question posée soit pour se rassurer, soit pour tenter de catégoriser son interlocuteur, soit pour amorcer une conversation est aussi devenue une question « jugeante ».

Un exemple simple : en entreprise, longtemps, les fumeurs ont été les seuls à prendre des pauses : « Normal ! Ils ont besoin de leur dose ».


Si l’on considère le tabac comme composant d’une cigarette « classique », il n’est à lui seul pas nocif, pas addictif, il n’a finalement aucun « super pouvoir ». 🦸🏻‍♂️

Et pourtant si, il est le vecteur du pouvoir de la « clope sociale » qui est bien plus puissant qu’on ne veut bien le croire. C'est un outil magique, utilisé par des générations entières comme amorce d’un échange, comme signe de rébellion, comme celui d’appartenance groupale. L’addiction est autant dans les substances que dans les effets sur notre vie sociale, que ce soit dans la socialisation que la justification d’un temps pour soi, « le Tabac » est un allié de choix (au-delà même du fait que sans lui, il n’y a pas de combustion).


Pourquoi, le « Tabac » mérite une « journée sans » ? 🤔


Parce que derrière le tabac, quel que soit sa forme de consommation, il y a les substances « ajoutées » :

  • nicotine,

  • herbe,

  • saveurs,

  • additifs, etc.

Tous ces « +1 » qui améliorent la consommation pour le fumeur mais qui sont aussi de puissants « addictifs ».


La journée sans tabac pour un fumeur (quel qu’il soit) est une journée potentiellement incompréhensible et culpabilisante.


La question est absurde mais je la pose quand même :  Est-ce que quelqu’un a décrété la « journée mondiale sans Doudou » ? (Alors oui, le 9 septembre est la journée mondiale de la peluche mais pas question de priver qui que ce soit !🐻). Certainement pas ! Et pourtant on parle aussi d’un mécanisme de réassurance (succion mais pas que).


En consultation d'addictologie, on me dit souvent « je dois arrêter ». Bien bien bien.. manifestement il n’est aucunement question de vouloir, de pouvoir, de réduire, etc. Le « choix » n’en est pas un, il s’agit en fait plus souvent d’une démarche initiée suite à la pression de l’entourage, des proches, etc.

Alors reprenons dans l’ordre : une addiction (avec ou sans substance) est installée, acceptée, bienfaisante, elle fait partie de la personne aussi bien dans ses effets que sa temporalité et les associations qu’elle autorise. Si ce n’est pas un choix, le taux de réussite de sevrage sera biaisé.

L’entourage aussi bienveillant soit-il dans sa démarche, peut s’avérer culpabilisant pour la personne subissant son/ses addiction(s) car il induit une notion d’échec, d’incapacité à « rentrer dans le moule du bien », incapacité aussi à se rassurer sans artifice(s), etc. C’est la surenchère sur laquelle la/les addiction(s) se pose(nt) et se nourri(ssent)t.


Julie Hivert - 30/05/2022