Concurrence ou collaboration ?

Concurrence ou Collaboration ? C’est un gros sujet à mon sens.

En faisant mon benchmark sur différentes villes dans la perspective d’ouvrir mon cabinet, j’ai contacté de nombreux(ses) consœurs et confrères. Et là, 2 « écoles » : les concurrentiels et les collaborateurs. Aïe, ma naïveté a été égratignée 😊.

- « Ah non, moi je ne donne pas d’infos à la concurrence »

- « Pourquoi vous voulez vous constituer un réseau de confrères ? faites votre patientèle ce sera déjà bien »

- « vous êtes psy quoi ? pas clinique quoi, ça marchera pas »

- « vous savez, vous les jeunes psys vous partez dans tous les sens et ça nous fait du tort » (10 ans ce n’est pas sorti d’école non plus, de plus on a tous commencé quelque part)

- Et le dernier magistral : « Ah vous voulez vous installer ? » bip bip bip (oui l’appel a coupé, les opérateurs téléphoniques ce n’est plus ce que c’était 😉 )

Voilà une liste non exhaustive des réponses que j’ai pu avoir.


Heureusement, je ne me suis pas arrêtée là et j’ai surtout eu de nombreux discours « collaboratifs ». Mais il s’agit malgré tout d’une réalité et d’un vrai questionnement : l’offre de soin est-elle concurrentielle ou collaborative ?

Vous l’aurez certainement compris, pour moi : Collaborative.

De la même manière qu’il m’est impossible de décorréler un individu de son environnement, de son système, il m’est impossible de considérer qu’une seule offre convienne à une personne. Evidemment, il faut rester « raisonnable » et ne pas se disperser mais si à un moment la réponse est dans la Psychothérapie, puis dans la diététique, la médiation, etc pourquoi ne pas essayer ? Peu importe le chemin emprunté pour dissiper la gêne, peu importe que cela soit « dans l’ordre des choses ». Changer d’angle, prendre du recul, remettre en question, etc n’a pas de « mode d’emploi », c’est propre à chacun et selon le moment, le sujet, le lieu, le ressenti. Pour moi, c’est cela « considérer » le patient dans sa singularité. Si la thérapie n’apporte pas un espace de neutralité pleine, à quoi sert-elle ?

L’équifinalité est une réalité : elle se définit par le fait que l’ "on peut arriver au même résultat par différents moyens ". En fonction de chaque individu, selon ses systèmes, ses convictions, sa réalité (et celle du « soignant »).

Je ne crois pas à la « fidélisation » des patients, peut-être parce que j’y vois une forme d’addiction que je tente de soigner par ailleurs ?

Il n’y a pas de « codes » pour la thérapie, pas de durée minimale, pas de « plan ». Il s’agit d’une collaboration, d’une co-construction car il n’existe pas de "bonne manière" de voir le monde, au contraire, chacun construit sa réalité (principe systémique). Il y a des outils auxquels les Psychologues sont formés (d’où les 5 ans d’études et mise en pratique en stage validant), des techniques, etc et c’est cela qui nous permet de prendre en charge un patient de façon pertinente, adaptative, personnelle, singulière. Chaque personne et chaque séance est différente et ne peut s’inscrire dans un schéma préétabli. C’est aussi là que réside la difficulté d’être (selon moi) un « bon Psychologue » : adapter chaque séance à son patient, son contexte, son état d’esprit, sa journée, et AUSSI le post-séance. Car aujourd’hui, plus que jamais rentrer de séance induit souvent ne pas avoir la possibilité de trouver un échappatoire, un temps à soi, un sas, car la crise sanitaire modifie nos mœurs. Alors il est capital, de prendre aussi en compte cette dimension dans la séance.

Julie Hivert – 19/02/2021